Venise en Août - Livre
Pendant plus de vingt ans, Raymond Perrenoud a peint Venise, en août. Il a beaucoup erré dans la ville, il en connaît les moindres replis, du pont de la Liberté à la Punta Sabbioni, de la lande Torcello à la digue de Palestrina. On l'a vu installer son matériel de peintre dans les sites les plus incommodes comme dans les plus délaissés.
Presque immédiatement, sans essayer aujourd'hui un style, demain un autre, une manière de faire s'est imposée à lui, à mi-distance entre le dessin et l'aquarelle: une sorte de calligraphie rapide alliant le trait à la tache - une tache qui aurait une sonorité - et un trait qui tendrait plus à l'identification qu'à la représentation.
Était-ce le meilleur moyen d'exprimer, en temps réel, les infinies variations du paysage vénitien qui souvent change de minute en minute; ou était-ce que tout artiste étant un transformateur de formes, par nature enclin à réduire le monde à son univers particulier, le sujet, quel qu'il soit, ne l'intéresse que pour ce qu'il en fait?
Raymond Perrenoud a choisi de ne garder d'un paysage mouvant et presque immatériel que quelques affleurements de couleurs. L'apparence des choses étant l'affaire du dessin.
Les thèmes abordés sont assez inattendus. Aucune gondole n'apparaît. L'inspiration vénitienne s'arrête aux barques somnolentes égrenées au long des canaux: sandolo, sampiero, pupani, paeta, caicio...
L'architecture d'apparat se réduit à quelques façades un peu hors du temps, aux crépis érodé, rappelant les fastes d'antan. - Certains palais ne sont plus habités que par des peintures.
A Venise, la beauté, c'est un accord subtil de toits et de cheminées, d'eau et de reflets, de barques et d'arches, c'est une infinité de petits riens qu'on ne remarque guère en passant mais que le peintre de doit d'étudier attentivement: accolades, ogives, quadrilobes, volets repliables, balustres, corbeaux... Partout, la nature s'offre à lui, très complexe, comme un écheveau à démêler.
Dans une paroisse lointaine où les touristes, las de trop marcher, ne vont jamais, Raymond Perrenoud a peint souvent le même pont - l'un des quatre cents ponts de Venise - un pont assez semblable à beaucoup d'autres, mais là, sur le rio Riello, qu'un rayon de soleil se glisse au ras de l'eau et, aussitôt, entre les toits, s'envolent les draps, les chemises et les gonfalons. De chaque fenêtre, sur un fil coulissant accroché à l'autre rive, les ménagères déploient des lessives comme des voilures gonflées au vent.
Peindre dans la République Sérénissime, c'est jouer dans la cours des grands.
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